Gabapentinoïdes et syndrome d’apnées du sommeil : un signal de disproportionnalité dans la base de pharmacovigilance de l’OMS - 20/11/20
Resumen |
Objectifs |
La similarité structurelle entre gabapentine, prégabaline et baclofène explique les effets « baclofène-like » des gabapentinoïdes. Dans une précédente étude à partir des données de VigiBase®, le baclofène a été décrit comme pourvoyeur d’apnées du sommeil, notamment à forte dose dans la prise en charge de l’alcoolodépendance [1 ]. Avec une même approche, le travail actuel a pour objectif d’identifier si une telle association existe également avec les gabapentinoïdes.
Méthode |
Nous avons procédé à l’extraction des cas de syndrome d’apnées du sommeil imputables aux antiépileptiques (ATC N03), à partir de la base mondiale de pharmacovigilance de l’OMS (VigiBase®). En juillet 2018, cette base comprenait plus de 17 millions de cas rapportés par près de 131 pays. Une analyse de disproportionnalité par calcul du odds ratio rapporté (ROR) selon un modèle cas-non cas, a ensuite été réalisée pour chaque antiépileptique. On entend par signal de pharmacovigilance, un nombre de notifications de l’effet indésirable d’intérêt (ici le syndrome d’apnées du sommeil) supérieur à celui attendu, c’est-à-dire un taux de notification « disproportionné » associé à un médicament d’intérêt (ici les gabapentinoïdes) par rapport au même effet notifié dans la base pour les autres médicaments. Les benzodiazépines (ATC N03AE) ont été utilisées comme contrôle positif, afin de renforcer la robustesse de la méthode.
Résultats |
Soixante-seize cas de syndrome d’apnées du sommeil ont été imputés à la gabapentine (ROR 2,61 [2,08–3,27]). Pour la prégabaline, 123 cas de syndrome d’apnées du sommeil ont été rapportés (ROR 2,42 [2,02–2,89]). Les ROR étant supérieurs au seuil de significativité, nous retenons une association entre gabapentinoïdes et syndrome d’apnées du sommeil. Aucun signal de disproportionnalité n’a été retrouvé avec les autres antiépileptiques, à l’exception des benzodiazépines (ROR 3,07 [2,58–3,66]).
Conclusion |
Ce signal de pharmacovigilance confirme les résultats précédemment observés avec les agonistes GABAergiques, dont le baclofène. Les professionnels de santé doivent être avertis que des apnées du sommeil pourraient affecter les patients traités par gabapentine ou prégabaline. Ce d’autant plus que l’utilisation des gabapentinoïdes est en nette augmentation, souvent associés avec des opioïdes ou des benzodiazépines [2 ]. Ils potentialisent ainsi le risque de dépression respiratoire, avec des conséquences délétères pouvant aller jusqu’au décès.
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Vol 32 - N° 4S
P. S37 - décembre 2020 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.